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JAR | Jogging Aventure Roncquoise   

100 KM, pourquoi courir ou marcher une telle distance ?

RichardG | Publié le jeu 4 Jan 2018 - 8:08 | 1634 Vues

Mais pourquoi donc s'engager sur une telle épreuve, d'autant qu'il n'y a rien à gagner ? Que peuvent donc bien chercher toutes ces personnes ? Quelle est leur récompense ? 

A première vue, courir (ou marcher) un 100 km à pied peut sembler complètement fou, et surtout inutile car, au bout, il n'y a aucune dotation d'argent, même pour le vainqueur (celui-ci ne recevant qu'une coupe). Les participants ne reçoivent à l'arrivée qu'un diplôme ainsi que le tee-shirt officiel de l'épreuve. Celles et ceux qui terminent les 100 km à pied reçoivent en plus l'écusson officiel des 100 km à pied. A première vue donc, rien n'est fait pour attirer le sportif à venir aux 100 km à pied de Steenwerck.

Mais il y a autre chose, car sinon comment se ferait t-il qu'entre 1000 et 1500 concurrents prennent le départ chaque année ? Tout les "100 Bornards" (nom donné à celles et ceux qui terminent l'épreuve) vous le diront, l'aspect chronométrique n'est pas le plus important. Car sinon, il existe des courses bien plus importantes, plus renommées et bien plus courtes que celle-ci. Non, l'on vient participer aux 100 km à pied de Steenwerck pour se faire plaisir avant tout, se lancer un défi et prouver que l'on est capable de se dépasser, de dépasser ses propres limites et aller puiser au fond de ses propres réserves.

La hargne que l'on a n'est pas ici celle de battre un adversaire, car sur un 100 km, le seul adversaire que l'on a, c'est soi-même. Si le sport (de haut niveau) est réservé aux sportifs, les 100 km à pied de Steenwerck possèdent la particularité d'être ouverts à tous, sportifs mais aussi personnes ordinaires désireuses de tester leur état physique, se lancer un défi, de voir jusqu'où elles peuvent aller, de réussir une épreuve extraordinaire.

Une simple constatation est d'ailleurs éloquente : contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas toujours les (vrais) sportifs qui sont les plus nombreux à l'arrivée de l'épreuve. 
Certes, il faut avoir une bonne condition physique, mais l'entraînement ne suffit pas, la volonté de vouloir terminer cette épreuve est primordiale. Le temps que l'on va mettre n'est que secondaire car le plus important est de terminer l'épreuve, et ce n'est pas une mince affaire. Cependant, la limite de temps fixée à 24 heures permet à beaucoup de personnes de pouvoir se lancer afin de tenter cette aventure et, à un certain nombre d'entre eux de réussir.

De nombreuses personnes arrivent à atteindre un objectif qu'ils n'auraient jamais pensé atteindre avant de se lancer sur cette épreuve, et ce même s'ils ne font pas 100 km. Ainsi trouve -t-on sur le parcours une grande diversité de profils : sportifs confirmés, néophytes, handisports, marcheurs, familles et amis, chacun parcourant la distance souhaitée dans une ambiance de fête, et pour les tout meilleurs, dans une limite de temps qu'ils s'imposent. La devise de l'épreuve "Chacun son rythme, chacun sa course" prend ici tout son sens : pour les plus affûtés, il s'agira de respecter une limite de temps qu'ils se seront fixée, là où la plupart des participants auront comme ambition de terminer ces 100 km, voir d'améliorer un peu leurs temps s'ils sont déjà parvenus à boucler cette épreuve auparavant. Aucun participant ne se sent frustré parce qu'il a fait un moins bon temps qu'un autre concurrent.

Le plus important, c'est la chaleur qui se dégage de l'épreuve. Tous les participants vous le diront, et nombre d'entre eux reviennent d'année en année parce que l'ambiance est une ambiance chaleureuse, où les bénévoles n'hésitent pas à réconforter, à encourager les concurrents lorsque ceux-ci se sentent fatigués, ont un "coup de moins bien" ou souffrent physiquement. Tout est axé vers le bien être du participant : musique à certains ravitaillements et autres animations diverses. En outre, la relation d'altérité lorsque que l'on dépasse un autre concurrent n'existe quasiment pas, les concurrents n'hésitant pas à s'encourager mutuellement. Il n'est d'ailleurs pas rare que, loin de considérer un autre concurrent (que l'on ne connaît pas) comme "adversaire", certains participants se regroupent avec d'autres afin de pouvoir dépasser les difficultés et de terminer ensemble.

Au-delà du temps, pour bon nombre de participants, le temps mis n'est qu'anecdotique, ce qui compte étant le fait de terminer les 100 km en ayant vaincu la douleur physique, morale, les doutes et même les conditions climatiques (en 1976, il a plu, en 2004, la chaleur était étouffante, en 2005 et 2006 vent et pluie étaient de la partie). L'arrivée est une véritable délivrance car elle signifie la fin d'un "calvaire". Mais au-delà de cette souffrance, une grosse fierté se dégage du résultat : la fierté d'avoir su se dépasser, aller puiser au fond de ses réserves pour terminer l'épreuve. Certes, les crampes, ampoules, douleurs musculaires, articulaires en tout genres sont bien réelles, mais dans bien des cas, la détermination l'emporte. Pour tout coureur qui a réussi à finir un 100 km à pied, cela reste une expérience inoubliable, quelque chose qui ne peut pas se raconter, quelque chose que l'on ressent au plus profond de soi, quelque chose à vivre pour tout coureur qui se respecte.

Les émotions ressenties tout au long de cette aventure, y compris après avoir passé la ligne d'arrivée sont incomparables, aux dires des coureurs. Jusqu'à présent, personne n'a jamais regretté d'avoir participé aux 100 km à pied de Steenwerck. Le participant, en même temps que de se faire plaisir, apprend beaucoup sur lui-même, et la seule victoire qui compte est d'arriver au bout, ou, à défaut, d'avoir été au bout de soi-même, d'avoir dépassé ses limites. 
Comme le disait lui-même un coureur, "la douleur (physique) est éphémère, le bonheur (de l'avoir terminée), lui, est inoubliable"

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